
La rue Dejean. Symboliquement, l’association La vie Dejean organise une opération carton, lundi 12 mai, devant la mairie, avant le conseil d’arrondissement.
L’association La vie Dejean a déposé un recours administratif préalable auprès de la préfecture et de la mairie de Paris, afin de les pousser à agir contre les nuisances générées par les vendeurs à la sauvette qui envahissent la rue Dejean et alentours. Un rassemblement est prévu devant la mairie du 18e arrondissement, lundi 12 mai, avant le conseil d’arrondissement.
Article actualisé samedi 10 mai - 17h00.
« Vivre normalement dans des rues ordinaires. » Voilà ce que veulent des riverains et commerçants des rues Dejean et avoisinantes (rue Poulet, des Poissonniers, de Panama...), à deux pas de la station de métro Château-Rouge, dans le 18e arrondissement de Paris. Ils se sont regroupés en association, La vie Dejean, créée fin 2013, afin de pousser les pouvoirs publics à traiter le problème des vendeurs à la sauvette, et des nuisances qu’ils génèrent.
Ces rues de la Goutte d’or, situées dans la Zone de sécurité prioritaire (ZSP) mise en place en septembre 2012, sont envahies chaque jour par des étals illégaux, installés sur des cartons ou des palettes, où sont écoulés divers produits (bijoux, habits, aliments, jouets, etc.) « On y trouve aussi des portables volés », explique Yveline Piarroux, secrétaire de l’association.
Marché illégal
Pour les habitants de ces rues, et surtout ceux de la rue Dejean, la situation provoquée par ce marché illégal est devenue invivable : difficulté de circuler, immondices abandonnés sur place le soir (cartons, sacs plastiques, déchets alimentaires), nuisances sonores, mais aussi agressivité des vendeurs envers les habitants, et fréquentes bagarres entre eux pour des questions de territoires.
« Beaucoup d’argent circule, avec ce que cela implique, affirme Yveline Parrioux. Le climat est très tendu, une dame a même récemment jeté de l’acide depuis sa fenêtre. » Si les policiers viennent régulièrement les chasser, les vendeurs reviennent systématiquement et rapidement, dans un perpétuel jeu du chat et de la souris. « Nous aimons ces rues, mais nous en avons honte, aujourd’hui. Cela devient difficile voire impossible d’y faire venir nos amis », regrette Yveline Parrioux.
Recours administratif préalable
Cette situation est connue depuis longtemps. Pétitions et réunions successives n’ont rien changé. L’association a donc décidé de hausser le ton et de déposer, en mars 2014, avec l’aide de deux avocats, un recours administratif préalable auprès de la préfecture et de la mairie de Paris. Objectif : obtenir de la première de faire respecter le droit à la libre circulation, et de la seconde d’assurer le droit à l’hygiène publique.
« Si ni la mairie, ni la préfecture de police ne répondent favorablement à nos demandes (à savoir mettre un terme à l’occupation illicite de l’espace public par les vendeurs à la sauvette et assurer le nettoyage de nos rues de façon satisfaisante, et de façon durable), alors cette action sera poursuivie par un recours auprès du tribunal Administratif », précise l’association.
Opération cartons
La vie Dejean réclame 20 000 euros de dommages et intérêts à chaque administration, au titre de l’indemnisation du préjudice moral de l’Association. « C’est la plainte qui impose de demander des réparations, mais nous ne faisons pas ça pour l’argent du tout. Nous voulons des actes, avant tout », précise Yveline Parrioux. Une conciliation, comme c’est la règle dans ce genre de plainte, devrait avoir lieu en juin 2014.
En attendant cette échéance, l’association, une centaine d’adhérents à ce jour, souhaite se rappeler bruyamment au bon souvenir des pouvoirs publics. Lundi 12 mai 2014, à l’occasion du deuxième conseil d’arrondissement de la nouvelle mandature, une « opération cartons » est organisée, à 18 heures devant la mairie du 18e, place Jules Joffrin.
« Nous allons les harceler »
Les adhérents de l’association et toutes les personnes concernées sont invités à amener des cartons, symbolisant les nuisances vécues. Une première opération avait déjà été organisée en décembre. Une réunion organisée ensuite avec la mairie et le commissaire de police de l’arrondissement n’avait rien donné. « Nous allons les harceler », menace Yveline Piarroux. Qui réfute toute étiquette ou volonté de stigmatiser.
« Nous sommes apolitiques, et nous n’avons rien contre personne, ni aucune communauté, ni aucun type de commerce légal, poursuit la secrétaire de l’association. Nous savons très bien où nous vivons, nous avons choisi de nous installer ici pour beaucoup d’entre nous, et nous aimons ce quartier, notamment pour sa diversité. Mais nous en avons assez de ce qui se passe. C’est tout. »
Découvrez tous nos articles géolocalisés sur le 18eme arrondissement en un clin d'œil