

Un incendie a totalement ravagé, samedi 19 juin 2010, vers 4h30, plusieurs véhicules en stationnement, rue Joseph Dijon, dans le 18e arrondissement de Paris. Les flammes ont brûlé les façades, des vitres ont explosé, mais par miracle, le feu n’a pas fait de victimes. Choqués, les riverains estiment qu’il s’agit d’un acte criminel. Témoignages.
Cinq véhicules et un deux roues totalement brûlés, dégâts considérables sur les immeubles alentours, riverains profondément choqués : la rue Joseph Dijon, dans le 18e arrondissement de Paris, avait des allures de guerre civile, samedi 19 juin 2010, dans la matinée.
- Le feu a pris vers 4h30, samedi 19 juin 2010.
« Le feu a pris vers 4h30 du matin, raconte une riveraine*, dont la façade de l’appartement située au rez-de-chaussée, a totalement brûlé. Nous avons d’abord entendu plusieurs explosions. Les pompiers sont arrivés vingt minutes plus tard. Ils ont rassemblé les habitants dans les cours intérieures, avant d’arroser abondamment les façades. »
- « J’ai vu des flammes dévaler le caniveau, comme si elles suivaient une traînée d’essence. »
Une odeur âcre persiste encore dans la rue. Dans un rayon d’une centaine de mètres, toutes les vitres des premiers étages ont cédé sous la chaleur intense. Y compris celles des immeubles en face. Les volets en plastique n’ont pas résisté et ont fondu. Par miracle, il n’y a pas eu de blessés. « Des réservoirs d’essence ont aussi explosé, raconte cet habitant. Nous sommes passés tout près de la catastrophe. »
« Le feu s’est propagé très rapidement, ajoute une jeune femme. Comme si les véhicules avaient pris feu en même temps. J’ai vu des flammes dévaler le caniveau, comme si elles suivaient une traînée d’essence. » De fait, plusieurs habitants en face, affirment avoir vu des hommes s’enfuir après le départ du feu.
- « Une voiture à l’arrêt n’explose pas par hasard. Nous ne croyons pas à l’accident. »
Plusieurs témoignages affirment que le premier véhicule incendié était stationné devant le 11, rue Joseph Dijon. C’est précisément à ce numéro qu’est situé le bar égyptien qui avait été dévasté, fin janvier 2010, par des pseudo supporters de l’équipe de foot algérienne, après une défaite devant l’Egypte. Pour l’ensemble du voisinage, pas de doute, la coïncidence est troublante : l’incendie est lié au match de l’Algérie, qui rencontrait l’Angleterre, la veille au soir, dans le cadre de la Coupe du monde de football. « Une voiture à l’arrêt n’explose pas par hasard, dit ce couple. Nous ne croyons pas à l’accident. »
- Les volets et la porte en bois de cet appartement du rez-de-chaussée ont retardé la propagation de l’incendie à l’immeuble du 9 rue Joseph Dijon.
Une enquête a été ouverte. Les habitants déposent plainte les uns après les autres au commissariat du 18e arrondissement. Plusieurs d’entre eux n’en peuvent plus. « C’est un quartier tranquille, familial, souligne la jeune femme. Il faut que la mairie agisse, la situation va rapidement devenir incontrôlable. »
*Ces témoins n’ont pas souhaité être nommément cités.
« Rien à voir avec l’apéro "saucisson pinard"
qui était prévu dans la Goutte d’Or »Dominique Augiron vit rue Joseph Dijon, dans le 18e arrondissement de Paris. Comme d’autres habitants, il a été évacué dans une arrière-cour pendant l’intervention des pompiers. Son témoignage.
« L’incendie était tellement violent qu’on avait l’impression que tout l’immeuble brûlait. C’était angoissant. Des gens paniquaient. Ils avaient peur. Les pompiers ont éteint l’incendie en une heure. Ils ont parfaitement géré la situation.
Je n’accuse personne, mais la coïncidence avec le match de foot Algérie-Angleterre est troublante. Le départ de feu, devant le bar égyptien déjà visé en janvier dernier, pose question. Pour la prochaine rencontre, des habitants m’ont dit qu’ils préféraient partir. Nous allons demander à la mairie du 18e d’organiser une surveillance de la rue. La méfiance s’installe. Les riverains se craignent. C’est là que la situation peut devenir dangereuse.
Je vis dans le quartier depuis 17 ans. Je suis né dans le 18e arrondissement voilà 60 ans. Jamais je n’ai vu de conflits entre les différentes communautés. Aujourd’hui, les gens se tapent dessus. Ils se radicalisent. Il y a un problème d’intégration, c’est sûr. Mais cette affaire n’a rien à voir avec l’apéro "saucisson pinard" qui devait être organisé dans la Goutte d’Or. Ce n’est pas le même quartier : ils sont éloignés l’un de l’autre. Il ne faut pas tout mélanger. Et puis, cet incendie est peut-être juste le fait de petits cons désœuvrés, qui brûlent des voitures comme au Nouvel an...
Reste que les riverains de cette portion de la rue Joseph Dijon, située entre la rue Hermel et le métro Simplon, se sentent abandonnés. La rue est sale. Cette situation contribue aussi au sentiment d’insécurité. Il faut nettoyer, encore et toujours. Jusqu’à ce que les mauvais comportements disparaissent. Nous avons l’impression que la mairie laisse la situation se dégrader. D’ailleurs, aucun élu du 18e n’est venu nous soutenir ce matin. »
Découvrez tous nos articles géolocalisés sur le 18eme arrondissement en un clin d'œil