
La famille de Walid Ferdi a porté plainte contre X pour homicide involontaire. Avec les amis du jeune homme, elle veut connaître les raisons de son décès.
Une marche silencieuse a eu lieu, samedi 9 juillet 2011, entre le jardin Binet et la place des Abbesses, en hommage à Walid Ferdi, habitant du 18e arrondissement de Paris, décédé brûlé dans sa cellule de la prison de Fresnes, le jour de son incarcération. Son co-détenu a été grièvement blessé.
Ils se sont dispersés après une minute de silence sur la place des Abbesses. Entre 200 et 300 personnes (entre 150 et 200 selon la police) se sont réunis, samedi 9 juillet 2011, pour une marche silencieuse en l’honneur de Walid Ferdi. Ce jeune riverain (22 ans) du 18e arrondissement est mort brûlé, jeudi 30 juin 2011, dans la cellule du centre pénitentiaire de Fresnes (94), le jour même de son emprisonnement. C’était sa première incarcération.
Pour soutenir la famille et les proches du défunt, mais aussi pour demander des comptes sur cette affaire intrigante, les manifestants ont entamé leur marche à 15h au jardin René Binet jusqu’aux Abbesses en passant par la place Jules Joffrin, le boulevard Barbès et le boulevard de Rochechouart.
Condamné à effectuer des travaux d’intérêts généraux (TIG) suite à un délit mineur (« il a vendu une barrette de shit » confie un proche plus âgé), Walid Ferdi n’a pas rempli ses obligations : il ne s’est pas rendu aux convocations du juge d’application des peines. « Comme beaucoup de jeunes, il ne s’est pas rendu compte de ses responsabilités », explique ce "grand frère" qui ne veut pas être identifié.
- Plus de 200 personnes ont participé à la marche en hommage à Walid Ferdi.
Walid Ferdi doit alors purger une peine de dix mois de prison ferme. Il est appréhendé par la police chez lui, le matin du 30 juin 2011. Il est emmené au centre pénitentiaire de Fresnes, où il est placé dans la cellule des nouveaux arrivants, avec un autre détenu. Dans la soirée, la cellule prend feu. Malgré l’intervention des surveillants, Walid Ferdi ne peut être réanimé et décède sur place. L’autre prisonnier a été brûlé à 80 %. Avant d’être transféré par hélicoptère dans un hôpital de Tours, où il est dans le coma.
Une enquête a été ouverte pour élucider les causes de l’incendie. D’après Anna Vera Ocampo, éducatrice qui a organisé la marche silencieuse et qui connaissait bien Walid Ferdi, puisque celui-ci s’occupait de son fils trisomique de deux ans, « une autopsie a été réalisée par deux docteurs, aucune trace de coups et blessures n’a été relevée ».
Conditions de sécurité des détenus
Un comité de soutien a été créé. Un avocat a déjà été choisi par la famille de la victime pour déposer plainte contre X pour homicide involontaire. « Personne ne sait ce qui s’est passé, mais il paraît clair qu’une remise en cause des conditions de sécurité des détenus dans les prisons est nécessaire », explique Anna Vera Ocampo. « Passées les heures de repas, les surveillants n’ont pas tous les clés des cellules, c’est douteux d’un point de vue sécurité, surtout quand on sait à quel point les incendies en prison sont fréquents. »
« Ça nous touche énormément. Walid, c’est un type qui n’a rien vécu. Il n’est jamais parti en vacances. Nous voulons juste savoir la vérité », explique Mohamed Ben Hamadi, l’un des nombreux amis de Walid Ferdi venus participer à cette marche silencieuse. « Il mesurait 1m60 pour 50 kilos. C’était un enfant », souligne un autre proche.
Walid Ferdi a vécu toute sa vie dans le 18e arrondissement. D’abord à la porte Montmartre, puis aux Abbesses. D’après Anna Vera Ocampo, « Walid se cherchait encore, mais il avait commencé à trouver une certaine stabilité : il avait une petite amie et sa mère venait d’être relogée ». Myriam El Khomri, élue PS du 18 et adjointe au maire de Paris chargée de la prévention et de la sécurité, était aussi présente : « Je suis venue soutenir la famille et les amis du jeune homme. C’est un véritable drame et nous espérons que l’enquête va vite aboutir. »
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