
Ecobox a été créé en 2002, dans la halle Pajol. Photo © Nadia Benchallal.
Depuis trois ans, l’association Ecobox propose aux habitants du quartier de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris, de cultiver régulièrement leur jardin. Au fond d’une impasse, l’endroit est singulier mais fédère plusieurs dizaines d’habitants. Reportage.
C’est un jardin de 200m2 installé sur un parking et le toit d’un garage Sncf. Avec un drôle de nom : Ecobox. Rien a priori qui n’incite au bucolique. Et pourtant, il suffit de quitter le bruit et les embouteillages de la rue de la Chapelle pour le trouver au bout de l’impasse du même nom. Là aussi c’est encombré, mais de pots, de jardinières, et de plantations tous azimut. Et quelle vue ! Le jardin domine les rails sncf. Au loin, une ribambelle d’immeubles de toutes tailles façon BD. A l’horizon,le Sacré Cœur.
Voilà trois ans maintenant qu’Ecobox a pris ses aises. Ici, quatre-vingt jardiniers cultivent la lavande, l’oseille et la pivoine arbustive. Beaucoup sont des adeptes de la fraise et de la tomate. Certains même osent la fève, la patate, ou le choux. Il y a des salades qui font une percée sous cloche et des petits malins qui attirent les limaces en plantant un œillet d’Inde à côté de leur pois de senteur (la limace boulotte l’œillet et cela permet de sauver le pois).
- Les jardins d’Ecobox sont situés au fond de l’impasse de La Chapelle. Photo © Nadia Benchallal.
À Ecobox, on se partage des bouts de terre de deux mètres carrés sur des palettes de bois qui en font quatre. Tout est bon pour le contenant, surtout des paniers d’osier qu’on récupère dans un magasin exotique de la rue des Poissonniers. Une feutrine pour protéger, quelques centimètres de terre et c’est parti pour une culture hors sol. Il y a même une pelouse que l’on peut piétiner, un figuier qui ne va pas tarder à donner et deux ceps de vigne qui ont vécu de 2002 à 2005, quand l’association résidait halle Pajol.
Le projet de rénovation de la halle a entraîné le départ du jardin et sa réinstallation, 7, impasse de la Chapelle, le 21 mars 2009. Jérôme Woytasik est depuis, aux manettes. Cheveux longs, verbe haut et tee shirt militant (aux arbres citoyens !), il est adulte relais depuis 2009, payé au smic et anime avec une belle énergie le jardin.
Gâteau aux pommes
Ce samedi là, c’est "réu". Une bonne trentaine de jardiniers se sont regroupés à deux pas de la guinguette de bois qui fait aussi partie du paysage. On discute de tout : de la future toilette sèche, d’une poubelle de tri en plus, de quelques intrus qui ont sauté la barrière et ont mis le bazar dans le jardin. Bernard, un élégant, distribue des chocolats, un gâteau aux pommes est apparu sur la table et une dame en chignon propose que l’on vienne un soir de mai, « avec ce que vous avez comme légumes dans le frigo ». Elle apportera épices et condiments et se fait fort d’apprendre à l’assemblée l’art d’une cuisine avec trois fois rien. Ainsi va la vie d’un jardin partagé.
- 80 jardiniers du quartier font vivre Ecobox. Photo © Nadia Benchallal.
Pour Jérôme Woytasik, « le jardin est un espace de rencontre, on vient y jardiner, bien sûr, mais aussi y bricoler, se détendre et voir les gens du quartier ». Et tout ça, pour une adhésion de dix euros (vingt en sus pour une parcelle) et dix euros aussi pour quatre paniers d’osier à cultiver. Ecobox s’est fait des complices : les paniers Pajol (AMAP, Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). Ludovic Sanglier, un maraîcher de Beauvais livre ainsi ses légumes frais tous les vendredis soir. Un boulanger d’une coopérative de Montreuil vient aussi. Une épicerie solidaire s’installe dans le jardin une fois par mois.
Ecobox rayonne sur le quartier via les écoles. Véra Briol, la co-animatrice du jardin, se rend une fois par semaine à l’école Maurice Genevoix pour mettre en pratique l’art du potager. Et sous sa houlette, une classe de 6ème de Marx Dormoy vient aussi au jardin pour fabriquer des nichoirs et s’initier au lombricompost. Et si la fièvre jardinière gagnait tout le quartier ? « On va sortir de notre enclos », sourit Jérôme Woytasik. Au programme : végétaliser l’entrée de l’impasse de la Chapelle, et fleurir les pieds des arbres de la rue Maurice Genevoix. Ecobox suit ainsi les traces de "guerilla gardening", ce mouvement né à New York dont les membres n’ont d’autres armes que des graines semées à tout vent. Le quartier de la Chapelle en a bien besoin. À vos graines, citoyens !
Ecobox
7, impasse de la Chapelle (M° Marx Dormoy)
ecobox3@free.fr
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